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L'Actu à Jéjé
22 mai 2013

Le Dragibus noir est en grand danger !

Le nouveau quartier des Grisettes à Montpellier possède une allée Hans Riegel et c'est heureux. C'est toujours mieux qu'une rue du Cachou qui fait vraiment tache quand tu reçois du courrier ou que tu files un CV à un employeur qui te prend aussitôt pour un cariclo. Le problème est que peu de gens connaissent Hans Riedel. Si l'on précise qu'il était originaire de Bonn et que si l'on garde les deux premières lettres de chaque mot, on obtient Haribo... Tout s'éclaire ! Cet industriel de renom, mort en même temps que la Seconde Guerre mondiale, était le fondateur de la marque mondialement connue pour son bonbon gélifié en forme d'ourson et au moins autant pour les Dragibus.

Il est des choses avec lesquelles on ne plaisante pas. Et les Dragibus se rangent dans cette catégorie. Pour les grands et les petits. Qui, dans sa jeunesse, n'a pas cédé à la tentation multicolore et acidulée des sachets de Dragibus vendus par lot ? Qui, en tentant d'en ouvrir un frénétiquement, n'a pas lamentablement fait tomber les précieuses billes au point de devoir ramper jusque sous le buffet de mamie car il n'était pas question de perdre le moindre élément de ces paquets individuels ? Qui ne s'est pas disputé plus ou moins sérieusement avec un copain ou une copine parce qu'il ou elle piquait trop de noirs alors qu'il restait des rouges ou des jaunes à picorer ? Qui n'a pas d'abord associé le Dragibus noir à de la réglisse alors même que le connaisseur sait qu'il s'agit de fruits des bois ? Qui n'a pas piqué des Dragibus à ses enfants en faisant des raisonnements de confiseur d'opérette ? Les plus aventuriers - qui ont depuis un dentiste pour ami intime ou une sale gueule - ont certainement cédé à la tentation de la Vodka Dragibus...

Toujours est-il que l'heure est grave. Dragibus fête cette année ses 40 ans et Hans Riegel doit se retourner dans sa tombe. Ses descendants confiseurs auraient pu se contenter de modifier le packaging, de sortir une série limitée, de les faire plus gros, de virer des couleurs que l'on apprécie moins. Eh bien non ! Ils ont trouvé bien plus con et moins fiseur. A savoir une invention qui est une d'une vacuité totale : le Bi Cool. Au-delà du nom qui inquiète d'emblée, il s'agit de Dragibus bicolores et donc bigoûts. Le problème principal est que c'est laid et c'est dégueulasse. Il y aurait ainsi douze variantes qui ont en commun la même médiocrité gustative. J'en ai testé plusieurs et j'ai bien failli cracher sur ma jeunesse, quand bien même on tente de nous vendre un goût onctueux de kiwi. Non mais de qui se moque-t-on  ?

L'autre crime casse-bonbons (si je ne l'avais pas faite, elle aurait manqué ;-) est que le Dragibus noir a totalement disparu du mix de couleurs que sont les Bi Cool. Remarquez ce n'est pas complètement dramatique. Associer la texture fondante et unique du manquant à ce produit nouveau qu'est le Bi Cool eût entraîné de ma part un déplacement jusqu'au musée du bonbon Haribo à Uzès où, dans un excès de colère, quelques exactions étaient à craindre. Oui le Dragibus est noir aussi assurément que la fraise est Tagada ! Je pose une question. Pourquoi donc le Dragibus noir n'entre pas dans la série nouvelle des Bi Cool ?

Vous n'allez pas me croire et c'est pourtant la vérité. C'est la faute à Gunther Schnurrbart ! Cet homme est mort presque centenaire en 2011. Le génial inventeur du Dragibus noir, c'était lui, a emporté dans sa tombe son secret de fabrication de la recette de la précieuse confiserie. Au départ, les Dragibus noirs... c'est une fournée ratée de Dragibus rouges ! Sauf que la fournée en question a coûté sa place à Gunther chez Haribo, viré comme un malpropre par Hans Riegel. Ce dernier allait vite réaliser qu'il venait de faire la connerie de sa vie de patron puisque toute la ville de Bonn réclama vite des Dragibus noirs car ce sont de loin les plus savoureux... Schnurrbart avait sa fierté. Il créa sa propre usine et fut ensuite toute sa vie durant un sous-traitant d'Haribo mais jamais il ne revint chez son ancien employeur. Riegel, au cumul, ça lui a coûté bonbon (oui je sais j'abuse). Rarement un chef d'entreprise a payé autant pour du travail au noir !

Par la suite, la maison Haribo a bien tenté de lancer le Haribo bleu. Mais le public ne s'y est pas schroumpfé. C'est un ersatz du noir. Un succédané que l'on ne veut ni sucer, ni croquer... Et maintenant voici ces Bi Cool qui ne valent pas un cachou. Les Dragibus noirs sont donc en voie de disparition totale pour cause de décès. Gunther n'aurait rien dit, pas même à sa femme. Autant dire que si vous trouvez encore des Dragibus noirs, dégustez les avec gourmandise. Bientôt ce sera un produit aussi rare que la truffe...

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
D
ses trop bon enplus le noir ses mon preféré
A
J'attendais ton article avec impatience, n'ayant pas osé tenter le Bi Cool. Par contre du coup j'ai maintenant une folle envie de Dragibus noir! Tu sais ce qu'il te reste a faire... ;)<br /> <br /> Et encore une fois, félicitations Plume pour ces talents d'écriture!
L'Actu à Jéjé
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